Jobs, jobs, jobs : la R&D est le moteur de l’emploi en Belgique
Partant de la publication de notre étude « La recherche et le développement en Belgique et son soutien », nous revenons à intervalle régulier sur des chiffres marquants de cette étude. Dans notre première édition, nous avons évoqué le rôle de moteur que jouent les entreprises dans l’augmentation des dépenses de R&D en Belgique. Dans la mesure où la recherche et le développement impliquent des activités à forte intensité de main-d’œuvre, nous estimons que l’augmentation impressionnante des dépenses dans la R&D devrait s’accompagner d’une forte hausse de l’emploi.
Le graphique ci-dessous le montre clairement : il existe une relation directe entre les dépenses dans la R&D et le nombre de chercheurs employés. La Corée du Sud, la Suède, le Danemark et la Finlande (cercle vert) font partie du peloton de tête, avec des niveaux de dépenses dans la R&D proches ou supérieurs à 3% et un taux de plus de 14 chercheurs pour 1000 travailleurs. La Belgique, qui atteint elle aussi la barre des 3%, comptait un peu plus de 12 chercheurs pour 1000 travailleurs en 2019, ce qui indique clairement que l’économie de la connaissance belge est en avance sur ses pays voisins (cercle bleu) et sur la plupart des pays qui misent également fortement sur la R&D.
Rapport entre le nombre de chercheurs actifs et le niveau des dépenses totales dans la R&D en % du PIB en Belgique et dans un certain nombre de pays (2019)
Source : OCDE (2021). Main Science and Technology Indicators Database
Notre étude a déjà montré qu’en vingt ans, le nombre de chercheurs en activité a plus que doublé (+ 44.133 emplois). Toutefois, cette création d’emplois se manifeste essentiellement à partir de 2009 : environ 75% des nouveaux emplois ont été créés au cours de la période 2009-2019 (voir le graphique ci-dessous). Cela se voit également dans les taux de croissance annuels moyens : au cours de la période 2002-2008, le nombre d’emplois a augmenté en moyenne de 3,6%, tandis qu’entre 2009 et 2019, ce taux était de 5,0%. En d’autres termes, l’augmentation des dépenses dans la R&D en Belgique a permis d’accroître de plus d’un tiers (36%) la création d’emplois pour les chercheurs.
Mais la R&D ne se limite pas à l’emploi des chercheurs : il convient également de prendre en compte le personnel qui fournit un soutien technique et logistique directement lié aux activités de R&D. Ici encore, nous constatons une forte augmentation : au cours de la période 2009-2019, quelque 23.393 emplois liés à la R&D (chercheurs exclus) ont été créés (voir le graphique ci-dessous), ce qui correspond à 86% de la création d’emplois au cours de la période 2002-2019. L’impact de l’intensification de la R&D a été encore plus marqué à ce niveau : la croissance au cours de la période 2009-2019 (4,3%) a été environ une fois et demie supérieure à celle de la période précédente.
Nombre de chercheurs et d’autres collaborateurs R&D (effectif) en Belgique (2002-2019)
Source : OCDE (2021). Researchers (indicator)
FEB – La R&D est le moteur le plus important de l’emploi en Belgique. Et l’intensification de la R&D a encore rendu ce moteur plus puissant. La Belgique dispose donc d’un marché du travail fortement orienté vers l’économie de la connaissance, ce qui est une bonne chose car la R&D est un maillon indispensable à notre prospérité future. Toutefois, il reste encore beaucoup de chemin à parcourir pour rattraper les leaders absolus que sont la Corée du Sud et la Suède. Le défi principal consistera à attirer suffisamment de profils adéquats. Face au coût salarial élevé de la Belgique et à un marché du travail en proie à une ‘guerre des talents’ incessante, des mesures telles que le régime des expatriés et la réduction du précompte professionnel pour les chercheurs revêtent une importance vitale. Leur efficacité n’est plus à prouver en termes de création d’emplois bien rémunérés, de valeur ajoutée et de prospérité économique.
Photo ©belga